12 marathons – 12 mois by Eric

Ah la cinquantaine…..
Octobre ou novembre 2022, je ne me souviens plus exactement. Je perds un peu la mémoire. Normal
à 50 ans… 50 ans justement, c’est cette année en 2023, que j’ai atteint cette âge canonique (c’est
mon fils qui me dit ça. Quel petit c..).
2022 donc. Tranquille sur mon canapé, planté devant une émission de sport, je tombe sur un
reportage. Une petite mamie de plus de 90 ans (93, 94, 95, je ne sais plus, toujours la mémoire) vient
de terminer son Xème triathlon.
Mon cerveau se branche sur le canal défi et je me rappelle d’un truc dont Christophe m’avait parlé
lors d’un off ; le dodefondo ; Réaliser chaque mois, pendant un an, une épreuve de grand fond soit (à
minima) : un marathon à pied ou 200 kils en pédalant ou grimper 3500D+.
Boom. C’est pour moi. Je tiens mon défi de la crise de la cinquantaine. C’est ça ou je trompe ma
femme avec une jeunette. Autant vous dire que mon épouse n’a pas hésité à me suivre dans mon
délire de marathonien. (On peut encore écrire ça sans passer pour un horrible macho ? Alors je
précise, c’est un peu d’humour. J’aime ma femme et l’hypothèse jeunette n’était pas une option.
C’est quand même fatiguant de devoir toujours tout expliquer. Mais revenons au cœur du sujet).
Je disais donc ; marathonien ? Pas vraiment. Je n’en cours pas des masses. Seulement 9 jusqu’à
présent. Record modeste en 3h43 et 50sec.
Un message à Chris. « Tu me prépares » réponse du tac au tac « Allez, on y va. Sacré chantier !!! ».
Tout de suite, on repère 2 choses à prendre en considération :

=> Garder la fraicheur physique

=> Garder la fraicheur mentale

Madère, Split, Montauban, Cheverny, Helsinki, Stockholm, Pitztal-Imst (c’est en Autriche), Saint
André des Eaux (c’est en Bretagne), Tallin, Budapest, Deauville, Sully sur Loire. Voilà le programme
des réjouissances.

Rassurez-vous lecteurs, je ne vais pas vous faire un résumé de tous ces marathons, même si je
pourrais tenir quelques pages.
Le 1er . Madère. Très joli, ce n’est pas plat du tout et je ne suis pas prêt du tout non plus.
Entraînement sérieux concocté par Chris mais bon, …. les accotés… Je ne vous fais pas un dessin….et
puis je me dis : « bon, coco, tu fais des trails longs avec du D+, un marathon ça passe tranquille ».
Résultat : un calvaire (près de 4h30 mais en mode zombie sur la fin) et une leçon : Un marathon ne se
donne pas comme ça. Il faut aller le chercher, ça se prépare.
Je me dis que si je ne fais pas quelques corrections immédiatement, le défi va vite s’arrêter
Go pour le n°2. Moral à fond ; Split. La pluie, la pluie, la pluie. Moi j’adore (je déteste quand il fait
chaud et c’est d’ailleurs pour ça que j’ai choisi des marathons au frais au Printemps et en été mais je
vous en retoucherai deux mots plus tard.
Donc Split. Sérieux, motivé et avec la météo idéale (frais et pluvieux) Et là pas de secret. Une bonne
préparation et un peu de rigueur, je claque un petit 3h48. Ok c’est pas un temps de dingue mais pour
moi c’est cool.
N° 3 : Montauban. C’était un objectif temps mais ça n’a pas fonctionné. Parfois y’a un truc qui ne va
pas. Difficile de dire quoi. Mal dormi, mal mangé, fatigué, pas le truc, bref….
J’enchaine sur Cheverny, seulement une semaine après Montauban, et là je suis en forme. Ça passe
bien. Deux marathons en deux semaines avec des sensations différentes, mais les temps des 2 sont
sous les 4 heures.

Arrive le printemps et le frais des pays du nord… Enfin, normalement. Et bien c’est loupé. Pour le
frais on repassera. Helsinki, le jour du Marathon, est la capitale la plus chaude d’Europe ce jour-là.
Stockholm, un temps splendide. Autant vous dire que ma chère épouse qui m’accompagne est ravie
mais moi beaucoup moins.
Il s’agit des 5 ème, et 6 ème Marathon, je commence à sentir la fatigue. Pas pendant les séances. Je n’ai
même pas mal aux cuisses. Mais pendant la course, tu sais que ça ne va pas le faire. Ça pioche, la tête
commence à ne plus y être. Du coup les temps passent au-delà de 4 heures
Mais arrive l’Autriche. Celui-là je l’ai bien en tête. 600 mètres de dénivelé négatif. « Je vais faire péter
mon meilleur chrono ».
Je pars sur mon allure record perso, un chouille au-dessus. Normal ça descend. Mais pas
d’enflammade, ça descend mais bon y a quand même 42 bornes hein.
37,38, put…, je suis bien dans les temps je vais battre mon record. Pas de 10 minutes mais 1 ou 2.
Ouais, c’est pas énorme mais ceux qui savent, savent que c’est énorme. Vous me suivez ?!?
Reste 6 kils. On arrive dans le village. Hey oh, pourquoi ça remonte là. Et oh, ah ok ça redescend,
mais ça remonte. Un mini circuit en mode petites montagnes russes. Ça ne monte pas des masses,
mais j’ai l’impression de gravir l’Everest à chaque fois. J’ai les quadris en feu (merci la descente).
Résultat, et ben mon record, je lui dis très vite au revoir. Et je finis assez désillusionné quand même.
Petite info, avec toute cette descente, c’est le marathon qui m’a fait le plus mal aux cuisses. 4 jours
après je marchais encore comme un petit vieux pas trop bien conservé.
Et j’enchaine. Saint André des Eaux, pas une goutte de pluie (ou presque, on est en Bretagne quand
même), Tallin, Budapest, Deauville. A chaque fois la tête y est de moins en moins. Le corps est
fatigué, l’envie n’y est plus trop. Seul l’orgueil me fait terminer.

Je me demande toujours pourquoi les champions qui gagnent une fois, deux fois, trois fois baissent le
niveau d’envie avec le temps. Je me suis toujours dit « mais si j’avais le talent, la force, le physique
des champions, tant que le corps suit, j’aurais envie de tout casser, empiler les victoires ».
Et bien non. La lassitude mentale c’est incroyable. Ça te tombe dessus, comme ça, sans prévenir, au
détour de l’effort de trop. Plus d’envie, ras le bol.

Un bout de cerveau qui dit « allez, on y va, on continue, on le fait parce que…. ». Parce que quoi en
fait ? Là tu gamberges. Et l’autre partie du cerveau te dit « Non mais arrête qu’est-ce que tu fais ? Ça
ne sert à rien ton truc sauf à avoir mal ».
Puis vient le dernier, le numéro 12. Enfin. Chris me dit, « allez, le dernier, tu te rappelles tout ce que
tu as fait, tout le chemin parcouru pour en arriver là, tu profites, tous les kilomètres tu les savoures ».
Ce message, c’est un déclic mental. Il a raison. Tout le monde me dit à chaque fois que j’en parle
« Quoi 12 marathons ? 1 par mois ? Mais t’es dingue !!. Mais t’es pas crevé ? C’est pas bon tu sais ? ».
Et le cerveau bascule du bon côté Mode ON. C’est vrai que ce n’est pas banal. Je ne suis pas un
champion, j’ai 50 ans. Je suis un quidam sans talent, sans prédisposition physique particulière, j’ai
4 kilos en trop, mais je vais le faire.

Je vais le faire parce que j’ai envie, parce que mon coach croit en moi, parce que ma femme, mes
enfants et mes amis croient en moi. Et parce que grâce à ses soutiens, je crois en moi !
12 marathons, un par mois, ça ne se fait pas parce qu’on est fort physiquement, ça ne se fait pas
parce qu’on s’entraîne (bon ok un peu quand même). Ça se fait parce qu’on a envie de le faire et
parce que la tête est aussi importante que le physique.
J’avais déjà cette croyance en moi. La force du cerveau. Cette année m’a renforcée dans cette
croyance.

Alors vous avez une envie, un défi. Allez-y. Croyez-y et faites comme moi. Créez-vous des souvenirs
et prenez du plaisir.

Et ce 12 ème alors ? 42 kilomètres c’est 12 fois 3,5 kms. A chaque portion de 3,5 kms, je me suis
remémoré chacun de mes 11 précédents marathons. Les bons et les mauvais moments. Les instants
de souffrance et ceux de joie.
Avec en guise de final un chrono meilleur que les 3 derniers. Loin de mon meilleur temps mais vous
aurez noté qu’au fur et à mesure de mon année, de chrono il n’était plus question.
Seule la réalisation du défi avait du sens.

Je ne veux pas terminer ce texte sans embrasser mon épouse et mes enfants que j’ai embarqué avec
moi dans toutes ces sorties : Lever tôt pour m’accompagner au départ. Patienter à certains points de
passage pour me voir passer 3 secondes sans m’arrêter et en souriant à peine. M’accueillir à
l’arrivée ; « Venez dans 3h50/4 heures » et finalement m’attendre 20 à 30 minutes de plus. Merci à
vous mes amours.
Et bien sûr Christophe pour ses plans d’entraînements. Pas facile d’organiser les séances pour ne pas
être trop lassant tout en gardant une routine. Merci, c’était cool toute l’année, même s’il y a des
exercices, que je connais par cœur maintenant, dont je ne veux plus entendre parler pendant un bon
moment (comme les marathons d’ailleurs). Et dernier bravo, 12 mois sans blessures. Chapeau
Monsieur tout a été parfaitement dosé.
Et au fait, j’ai failli oublier. J’attends que tu m’envoies mon badge dodefondo  😉