Qui voit Ouessant…

voit son sang… c’est l’expression bretonne qui se poursuit par :

Qui voit Molène voit sa peine, qui voit Sein voit sa fin et qui voit Groix voit sa croix…

L’idée de faire le tour cette île n’est pas venue de ce côté funeste. Non, pour moi Ouessant c’est l’île ultime, au bout du bout de cette Bretagne, au milieu de cette mer d’Iroise qui à elle seule est incroyable.

Et puis j’avais un dodéfondo à faire en ce mois de Février… J’explore sur le net. Certaines sources donnent 35 kilomètres, l’office de Tourisme 45 kilomètres pour en faire le tour. Je check les bateaux pour m’y rendre. Il n’y a qu’un aller et un retour dans la journée. Je débarque à 11h et je repars à 16h30 sinon je passe une nuit sur l’île… Non pas çà… çà devient amusant tout çà. Et puis pour s’amuser encore plus je glisse un petit SMS à Julien Le Coq et Fred Laureau. C’est validé. Rendez ce mercredi 15 février au Port du Conquet pour l’aventure.

Il fait un temps incroyable. Presque déçu. On imagine Ouessant sous la pluie, le vent, les embruns. Aujourd’hui c’est mer d’huile, ciel bleu. Tant pis, on y va quand même. Une jolie traversée avec un arrêt à Molène, la vue de quelques dauphins qui suivent le bateau puis nous débarquons.

Afin de partir léger,  nous glissons nos affaires de rechange dans un buisson sous de la fougère, puis nous lançons en direction du phare du Stiff.

Le reste ? Une succession de mono-trace au plus proche de la côte. Des pointes rocheuses lacérées par le vent et la mer. Des phares, clochers ou calvaire comme point de passage. Une mer à l’infinie et peu de bateaux. Je me souviens de mon dernier passage, il y a une quinzaine d’années où l’on observait, au large, le trafic maritime mondial qui passe par le rail de Ouessant. On pouvait distinguer une succession de pétroliers, porte-conteneurs en file indienne comme des véhicules sur une autoroute… C’était assez fascinant. Aujourd’hui ce trafic est toujours présent, certainement encore plus colossal mais il est éloigné des côtes et de notre champ de vision.

A mi chemin, nous faisons une halte à Lampaul, le bourg de l’île. Pause sandwiches/café dans le bistrot du coin au bout de 18 kil et 2h de course. Tu sens les mecs motivés. On repart avec l’estomac un peu lourd (voir retourné pour Fred). L’après midi se poursuit dans cette atmosphère de quiétude incroyable. La trace s’improvise entre la lande, les bruyères et les rochers. Cette île offre encore ce loisir de courir de manière libre.. chose incroyable mais triste réalité lorsque sur la plupart des sentiers côtiers nous avons pour seul issue la navigation entre 2 fils de fer et sur des palissades en pin. Accessibilité de l’espace ?

Nous revenons progressivement vers le port. L’heure avance, les kilomètres moins… La boucle fait 38kilomètres et il est 16h10… On aura notre bateau, mais raté pour le Dodéfondo. Pour le reste c’était une journée sans faute.

La trace